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Story Publication logo November 26, 2018

Des Jeunes Filles, Mineures, Esclaves Sexuelles de Combattants au Soudan du Sud

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Originally from Bentiu, this young man fled in December 2013 when the conflict broke out in his town. He went to a smaller town called Mayom, where the war had not yet reached. There, he wanted to keep on going to school. But in April 2014, when he was 14, government soldiers came to the town and took him away. 'I was forced to be a soldier. Many people were taken that day. I knew that they were there looking for new recruits'. He was taken for training with other young men, to a military camp. 'They would…
English

In South Sudan, the trauma of the war and the use of child soldiers is transmitted from one...

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A 17-year-old mother, released by militia forces, walks around the compound where she lives with her two sisters. Like her, and like her grandmother, they were kidnapped and held by rebel soldiers. The girl was pregnant when she was released. Image by Andreea Campeanu. South Sudan, 2018.
A 17-year-old mother, released by militia forces, walks around the compound where she lives with her two sisters. Like her, and like her grandmother, they were kidnapped and held by rebel soldiers. The girl was pregnant when she was released. Image by Andreea Campeanu. South Sudan, 2018.

This story is in French.

 

"J’étais terrifiée. J’avais peur qu’ils nous tuent, ou qu’ils ne nous relâchent jamais", raconte Jocelyn (prénom d'emprunt), 16 ans, un nourrisson dans les bras. L’adolescente a été emmenée par des hommes en armes, alors qu’elle revenait des champs avec ses deux sœurs. C’était l’année dernière, ou peut-être celle d’avant, elle n’est plus certaine. "J’essaie d’oublier ce qu’il s’est passé là-bas", dit-elle.

Au Soudan du Sud, en proie à une guerre civile depuis décembre 2013, des milliers de femmes et de jeunes filles, ont été capturées, tant par les forces gouvernementales que par les divers groupes armés. Les Nations Unies ont publié, le 18 octobre, un nouveau rapport qui accuse cette fois les troupes de l’ancien vice-président devenu chef rebelle, Riek Machar, d’avoir enlevé des centaines de civiles et de les garder en captivité, où elles sont les "épouses" des soldats, en Équatoria-Occidental, au Sud-Ouest du pays, près de la frontière avec la République démocratique du Congo.

"J’avais envie de le tuer"

C’est dans cette région, près de la ville de Yambio, que vivent Jocelyn et ses sœurs. Les trois jeunes filles ont passé un peu plus d’un an au sein d’un groupe rebelle, le Mouvement de libération nationale du Soudan du Sud (SSNLM), désormais aligné au gouvernement. Pendant sa captivité, Jocelyn fait la cuisine et reçoit les bases d’un entrainement militaire. Elle participe aux embuscades sur la route et aux pillages dans les villages. Dès son arrivée, elle est aussi choisie par un combattant, qui en fait sa seconde épouse. "Il était brutal, il me battait souvent, dit-elle. Parfois, le commandant devait intervenir pour le calmer. J’avais envie de le tuer."

'Il était brutal, il me battait souvent', confie Jocelyn, parlant du combattant qui l'a forcée à devenir sa deuxième épouse. Image by Andreea Campeanu. South Sudan, 2018.
"Il était brutal, il me battait souvent", confie Jocelyn, parlant du combattant qui l'a forcée à devenir sa deuxième épouse. Image by Andreea Campeanu. South Sudan, 2018.

Au début de cette année, Jocelyn s’est enfuie et a regagné son village. Une petite fille est née quelques mois plus tard. "Quand elles sont revenues, certains voisins avaient peur d’elles, raconte la grand-mère des jeunes filles. Ils craignaient aussi que ceux qui les avaient enlevées viennent les reprendre de force et qu’ils tuent tout le monde."

Encore 19.000 mineurs enrôlés de force

Avec environ 900 autres mineurs, Jocelyn et ses sœurs, ont eu la chance d’être intégrées à un programme de démobilisation, initié après l’intégration du SSNLM à l’armée nationale, et géré par l’Unicef. Les adolescent(e)s reçoivent un soutien psychologique et ont la possibilité de reprendre leur éducation ou de suivre une formation professionnelle courte.

Mais, à travers le pays, ils sont encore des milliers – 19.000, selon les Nations Unies – enrôlés au sein de groupes armés. Lorsqu’ils en sortent, garçons ou filles, l’immense majorité sont livrés à eux-mêmes, parfois rejetés par leur famille. Dans un pays dévasté par les guerres successives, ils manquent surtout d’opportunités pour reconstruire leur avenir.

"On constate des symptômes dépressifs, des pensées intrusives, qui reviennent à l’enfant soudainement, suite à un élément déclencheur, et qu’il ne peut pas contrôler, constate Rayan Fattouch, responsable de la santé mentale pour Médecins sans Frontières à Yambio. Les communautés au sein desquelles ils reviennent ont aussi leurs propres traumatismes." Et ceux-ci se transmettent de génération en génération.

Conditions précaires et dénuement dans un village du Soudan du Sud

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